(566) Le mot p'ing « maladie » est employé huit fois dans ce chapitre (qui ne renferme que vingt-huit mots) soit comme substantif, soit comme verbe neutre. C'est d'après le commentateur Ho-chang-kong (A) que j'ai traduit le 2e et le 6e p'ing par « s'affliger » (khou « trouver amer, pénible, affligeant »), et les 4e, 5e et 8e par « être malade, éprouver une maladie » ; yeou-p'ing.
A : Connaître le Tao et dire qu'on ne le connaît pas, c'est le comble de la vertu.
E : Être ébloui par la connaissance qui naît du contact des choses sensibles, et ne pas posséder le non-savoir qui constitue le vrai savoir, c'est le défaut général des hommes du siècle. C'est pourquoi, si celui qui connaît le Tao peut revenir au non-savoir, c'est la marque d'un mérite éminent.
Dans le chapitre X, Lao tseu exprime la même pensée lorsqu'il dit : « Si l'homme peut se délivrer des lumières de l'intelligence, il sera exempt de toute infirmité (morale) ».
(567) E : Celui qui ne connaît pas le Tao s'attache à de fausses connaissances, et les prend pour des connaissances solides. Dès que les fausses connaissances résident dans son esprit, elles deviennent, pour lui, une (sorte de) maladie.
(568) E : Les fausses connaissances sont la maladie de notre nature. Lorsqu'on sait que les fausses connaissances sont une maladie et qu'on s'en afflige (littéralement : « et qu'on les regarde comme une maladie »), alors, on n'éprouve pas la maladie des fausses connaissances.
(569) E : Connaître le Tao et (croire) qu'on ne le connaît pas, c'est justement le fait (littéralement : « l'affaire ») du Saint. Le Saint est exempt de la maladie des fausses connaissances, parce qu'il s'en afflige. C'est pourquoi la maladie des fausses connaissances s'éloigne de lui.