Le livre de la Voie et de la vertu - Laozi (Laotseu) 道德经-老子

Chapitre 64

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其安易持,其未兆易谋,其脆易破,其微易散。
为之于未有,治之于未乱。
合抱之木,生于毫末;九层之台,起于累土;千里之行,始于足下。
为者败之,执者失之。
是以圣人无为,故无败;无执,故无失。
民之从事,常于几成而败之。
慎终如始,则无败事。
是以圣人欲不欲,不贵难得之货;学不学,复众人之所过。
以辅万物之自然而不敢为。

Ce qui est calme est aisé à maintenir ; ce qui n'a pas encore paru est aisé à prévenir ; ce qui est faible est aisé à briser ; ce qui est menu est aisé à disperser.
Arrêtez le mal avant qu'il n'existe ; calmez le désordre avant qu'il n'éclate.
Un arbre d'une grande circonférence est né d'une racine aussi déliée qu'un cheveu ; une tour de neuf étages est sortie d'une poignée de terre ; un voyage de mille lis a commencé par un pas !
Celui qui agit échoue ; celui qui s'attache à une chose la perd.
De là vient que le Saint n'agit pas, c'est pourquoi il n'échoue point.
Il ne s'attache à rien, c'est pourquoi il ne perd point.
Lorsque le peuple fait une chose, il échoue toujours au moment de réussir.
Soyez attentif à la fin comme au commencement, et alors vous n'échouerez jamais.
De là vient que le Saint fait consister ses désirs dans l'absence de tout désir. Il n'estime point les biens d'une acquisition difficile.
Il fait consister son étude dans l'absence de toute étude, et se préserve des fautes des autres hommes.
Il n'ose pas agir afin d'aider tous les êtres à suivre leur nature.

NOTES

(508) H : Lao-tseu développe ici la pensée des deux passages du chapitre précédent : thou-nan-iu-i (le sage) médite des « choses difficiles en commençant par des choses faciles » ; weï-ta-iu-si, « il fait de grandes choses en commençant par de petites choses ».

Ibid. Les mots ngan , « quietum », et weï-tchao « nondum exiit, apparuit », désignent l'époque où une seule pensée n'est pas encore née (dans le cœur), où la joie et la colère ne se sont pas encore manifestées (sur le visage), où l'âme est parfaitement calme et exempte de toute émotion.

(509) H : Les mots tsouï « faible », et weï « menu », (se prennent au figuré et) désignent les germes naissants de la première pensée.

(510) Toutes les éditions portent weï-tchi-iu-weï-yeou « faire les choses avant qu'elles n'existent ». Cette idée est évidemment contraire à l'esprit du présent chapitre et à la doctrine de Lao-tseu. Pour faire disparaître cette altération du texte, B, que je suis ici, a écrit, dans son commentaire, fang-tchi « arrêtez les choses (avant qu'elles n'existent) » au lieu de weï-tchi « faites les, etc. ». A confirme cette correction en exprimant la même idée par se, « boucher, arrêter ».

G : Les mots weï-yeou (littéral. « nondum exstitit ») indiquent l'époque où le cœur n'a pas encore éprouvé d'émotion ; les mots weï-loen (littéral. « nondum turbatum est »), l'époque où il n'a pas encore été corrompu.

(511) A : De petit il est devenu grand. Cette comparaison montre, dit Liu-kie-fou, que les petites choses sont l'origine des grandes. Chi-sun (dans l'édition A) : Si l'on veut abattre un arbre, il faut nécessairement commencer par arracher sa racine ; autrement il repoussera. Si l'on veut arrêter l'eau et qu'on ne commence pas par boucher sa source, elle ne manquera pas de couler de nouveau. Si l'on veut étouffer un malheur et qu'on ne l'arrête pas dans son principe, il ne manquera pas d'éclater de nouveau.

(512) C : Elle est née d'une cuillerée de terre. A : De basse qu'elle était dans le commencement, elle est parvenue peu à peu à une grande élévation.

(513) J'ai suivi C : pi-tseu-i-pou-eul-chi, mot à mot : « necessario ab uno passu initium duxit ». Les mots du texte chi-iu-tso-hia signifient littéralement : « il a commencé au bas de vos pieds ».

(514) E : D'après les principes du non-agir, l'action et l'attachement (aux objets extérieurs) sont des choses désordonnées ; c'est pourquoi celui qui agit échoue et ne peut réussir. Celui qui s'attache (aux objets extérieurs) les perd et ne peut les posséder. En conséquence le sage pratique le non-agir ; aussi reste-t-il étranger aux succès comme aux échecs. Il laisse (les objets extérieurs) et ne s'y attache pas ; aussi reste-t-il étranger à leur possession comme à leur perte.

(515) E : Le mot ki veut dire « être près de ». Lorsque les hommes vulgaires voient qu'une chose est sur le point de réussir (littéralement « de s'accomplir »), ils se laissent aller à la négligence et à la légèreté ; alors elle (cette affaire) change de face, et ils échouent complètement. Soyez donc sur vos gardes à la fin de vos entreprises comme on l'est au commencement ; alors vous pourrez les conduire à leur parfait accomplissement et vous n'échouerez jamais.

(516) J'ai suivi E : wou-yo-i-weï-yo. C'est aussi le sens de Li-si-tchaï et de plusieurs commentateurs estimés. E : La multitude désire des choses qui lui sont inutiles et use ses esprits à les chercher, tandis qu'elle méprise ce qu'il y a de précieux en elle (c'est-à-dire la pureté de sa nature) : c'est le comble de l'aveuglement ! Le Saint ne prise pas les choses extérieures ; il attache uniquement du prix à l'absence de tout désir.

Aliter A : Le Saint désire ce que les hommes (vulgaires) ne désirent pas. Ils se plaisent à briller, et il aime à cacher l'éclat de sa vertu ; ils aiment l'élégance et le luxe, et il aime la simplicité ; ils n'aspirent qu'après la volupté, et il n'aspire qu'après la vertu.

(517) Li-si-tchaï : Cette expression ne s'applique pas seulement à l'or et aux pierres précieuses ; elle désigne en général toutes les choses qui sont en dehors de nous.

(518) J'ai suivi E : wou-hio-i-weï-hio. Aliter A : Le Saint étudie ce que les hommes vulgaires ne peuvent étudier. Ils étudient la prudence et la ruse, il étudie sa nature ; ils apprennent à gouverner le royaume, il apprend à gouverner sa personne et à conserver la pureté du Tao.

(519) E : Le mot fo a ici le sens de fan « être opposé à ». Tchong-jin-tchi-so-kouo, tse-fan-tchi-eul-pou-weï, littéralement : « Ce en quoi pèche la multitude, il y est opposé et ne le fait pas ». Ibid. Tous les êtres ont chacun leur nature. Les hommes de la multitude ne suivent pas la pureté de leur nature ; ils l'altèrent en se livrant à une activité désordonnée. Ils abandonnent la candeur et la simplicité, pour rechercher la prudence et l'astuce ; ils laissent ce qui est facile et simple, pour courir après les choses ardues et compliquées. C'est en cela qu'ils pèchent. Le Saint s'applique à faire le contraire.

Aliter A. Cet interprète rend fo par « faire revenir ». Dans les études auxquelles ils se livrent, les hommes de la multitude prennent l'accessoire pour le principal (littéralement : « l'extrémité des branches pour la racine ») et la fleur pour le fruit. Le Saint les fait revenir à la racine (au Tao).