(474) Plusieurs commentateurs pensent que le mot se « économie, modération », s'applique ici à l'action de ménager à la fois ses richesses et ses esprits vitaux.
E le rapporte à l'économie proprement dite. Régler ses dépenses avec modération, ne pas consumer ses richesses, ne pas faire de tort au peuple, c'est là l'économie qui sert à gouverner les hommes. Dans la cérémonie appelée Kiao , faire usage d'une seule victime, se contenter de balayer la terre avant d'offrir le sacrifice, se servir de vases de terre, de courges et de nattes de paille, c'est là l'économie qu'il faut observer pour sacrifier au ciel.
(475) E : L'expression thsao-fo a le sens de sien-sse « la première occupation, la première affaire ». (Cf. Dictionnaire de Kang-hi, au mot fo ) Celui qui est économe n'a jamais le malheur de manquer du nécessaire ; aussi prend-il d'avance ses mesures pour ne pas tomber dans le besoin.
Li-si-tchaï rend le mot fo par « dompter ». Intérieurement il dompte son cœur, extérieurement il dompte son corps. Il reste calme et immobile, et alors il accumule la vertu.
(476) E : Le mot khe veut dire « vaincre ». Quand il accumule la vertu, tous les hommes sont dans l'aisance ; aussi il n'y a pas (d'obstacles, d'ennemis) dont il ne triomphe.
(477) H : Le mot ki signifie « bornes, limites ». E : Quand il triomphe de tous les obstacles, on ne peut mesurer, calculer la durée de son royaume. C'est pourquoi personne ne connaît ses limites. Quand personne ne connaît ses limites, il peut conserver longtemps ses États ; c'est pourquoi (Lao-tseu dit) « il peut posséder le royaume ».
(478) Suivant E, les mots mère du royaume désignent « l'économie » ; suivant C, « la modération ». A croit qu'ils s'appliquent au Tao.
(479) Il y a dans le texte chinois un pléonasme que j'ai tâché de conserver en français. Les deux expressions tchhang-sing, « vivre longtemps », et khieou-chi, « voir longtemps », expriment la même idée.