(378) E : La perfection se détruit promptement, la plénitude s'épuise rapidement, parce que l'homme se glorifie de sa perfection et de sa plénitude, et ne sait pas les maintenir par le Tao. Pour conserver constamment sa perfection, il faut nécessairement paraître imparfait ; pour garder constamment sa plénitude (la plénitude de sa vertu ou de ses richesses), il faut nécessairement paraître vide.
A : Le prince qui possède la perfection du Tao et de la Vertu efface sa gloire et cache les louanges qu'il reçoit. Le prince qui possède la plénitude du Tao et de la Vertu paraît vide, c'est-à-dire qu'il est comblé d'honneurs et n'ose s'enorgueillir, qu'il est riche et n'ose se livrer au luxe et à la prodigalité.
(379) B : Ce passage s'applique au jugement du Saint. En voici le mot à mot en latin : (vir) magnopere virtus (est) veluti curvus.
(380) A : Il possède beaucoup de talents, mais il n'ose les laisser voir.
(381) Li-si-tchaï : Le mouvement peut triompher du froid (en produisant de la chaleur), mais il ne peut triompher de la chaleur (c'est-à-dire produire du froid) ; le repos peut triompher de la chaleur (en produisant du froid), mais il ne peut triompher du froid (le froid naît de la cessation du mouvement, c'est-à-dire du repos). Chacune de ces deux choses a une propriété limitée. Mais lorsque l'homme est pur, tranquille, non-agissant, quoiqu'il ne cherche point à triompher des êtres, aucun être du monde ne peut triompher de lui. C'est pourquoi Lao-tseu dit : L'homme pur et calme devient le modèle de l'empire.
Aliter Ho-chang-kong (A). Il a cru que le mot ching, « vaincre », signifiait ici « arriver au faîte, au comble ». Au printemps, l'air vivifiant, la chaleur du principe Yang circule rapidement dans les régions supérieures, et les plantes croissent et grandissent. Quand cette chaleur est arrivée à son comble, elle est suivie du froid, et alors elles dépérissent et meurent. Lao-tseu enseigne à renoncer à la force et au mouvement qui amènent la mort.
En hiver, les plantes restent en repos au bas de la fontaine jaune (c'est-à-dire dans l'inertie de la mort) ; quand ce repos est arrivé à son comble, il est suivi de la chaleur (le printemps succède à l'hiver). La chaleur est la source de la vie. Il faut donc se tenir dans une quiétude absolue.