Le livre de la Voie et de la vertu - Laozi (Laotseu) 道德经-老子

Chapitre 4

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道冲而用之或不盈,渊兮似万物之宗。
挫其锐,解其纷,和其光,同其尘。
湛兮其若存,吾不知谁之子,象帝之先。

Le Tao est vide ; si l'on en fait usage, il paraît inépuisable.
O qu'il est profond ! Il semble le patriarche de tous les êtres.
Il émousse sa subtilité, il se dégage de tous liens, il tempère sa splendeur, il s'assimile à la poussière.
O qu'il est pur ! Il semble subsister éternellement.
J'ignore de qui il est fils ; il semble avoir précédé le maître du ciel.

NOTES

(029) Ce chapitre présente de grandes difficultés ; j'ai suivi ici les interprètes D, F, qui expliquent les mois pou-ing par « il est inépuisable ». Le même sens se retrouve dans Li-si-tchaï (éd. G) : « Le Tao est tellement profond et subtil, que plus on en fait usage et plus il est inépuisable. »

Tout en expliquant les mots pou-ing par « il est inépuisable », D n'a pas méconnu le sens littéral de ces deux mots : « Toutes les choses du monde ne pourraient, dit-il, remplir, occuper complètement son immense capacité ». « C'est un abîme sans fond (dit Hong-fou, éd. G) ; tous les fleuves de la terre pourraient se réunir dans son sein sans le remplir jamais ».

(030) A : Le mot veut dire « premier aïeul, patriarche ». E explique ce mot par tchou « maître, souverain ».

(031) Tsi-te-thsing (édit. C) pense que le grand Tao est le sujet des quatre verbes laisser, délier, tempérer, assimiler. H et plusieurs autres commentateurs sous-entendent, avant ces verbes, les mots yeou-tao-tche, « celui qui possède le Tao ». Il réprime la fougue de son caractère (sic H), il se dégage des liens (du siècle), il tempère l'éclat (de sa vertu), il s'abaisse au niveau du vulgaire, littéral. « il se rend semblable à leur poussière ».

Ces quatre membres de phrase se retrouvent dans le chapitre LVI, où il paraît difficile de ne pas les rapporter au sage qui possède le Tao.

Peut-être faudrait-il les retrancher dans ce chapitre où ils paraissent déplacés, soit qu'on les rapporte au Tao, soit qu'on les applique au sage qui possède le Tao.

(032) La plupart des éditions portent hoe avant thsun. J'ai préféré la leçon tch'ang, « éternellement », qui se trouve dans les variantes de l'édition G.