Le livre de la Voie et de la vertu - Laozi (Laotseu) 道德经-老子

Chapitre 31

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夫佳兵者,不祥之器,物或恶之,故有道不处。
君子居则贵左,用兵则贵右。
兵者不祥之器,非君子之器,不得已而用之,恬惔为上,故不美,若美之,是乐杀人。
夫乐杀者,不可得意于天下。
故吉事尚左,凶事尚右。
是以偏将军居左,上将军居右。
杀人众多,以悲哀泣之;战胜,以哀礼处之。

Les armes les plus excellentes sont des instruments de malheur.
Tous les hommes les détestent. C'est pourquoi celui qui possède le Tao ne s'y attache pas.
En temps de paix, le sage estime la gauche ; celui qui fait la guerre estime la droite.
Les armes sont des instruments de malheur ; ce ne sont point les instruments du sage.
Il ne s'en sert que lorsqu'il ne peut s'en dispenser, et met au premier rang le calme et le repos.
S'il triomphe, il ne s'en réjouit pas. S'en réjouir, c'est aimer à tuer les hommes.
Celui qui aime à tuer les hommes ne peut réussir à régner sur l'empire.
Dans les événements heureux, on préfère la gauche ; dans les événements malheureux, on préfère la droite.
Le général en second occupe la gauche ; le général en chef occupe la droite.
Je veux dire qu'on le place suivant les rites funèbres.
Celui qui a tué une multitude d'hommes doit pleurer sur eux avec des larmes et des sanglots.
Celui qui a vaincu dans un combat, on le place suivant les rites funèbres.

NOTES

(275) E : Sse-ma-wen-kong dit : Plus une arme est excellente (tranchante), plus elle blesse (ou tue) d'hommes.

(276) B : On les appelle ainsi parce qu'elles sont destinées à tuer les hommes.

(277) Le commentaire B explique le mot we (vulgo chose) par « homme ». Les hommes les détestent. Aucun commentaire n'a donné le sens de hoe (vulgo quelqu'un, peut-être). Dans la seconde phrase du chap. IV (liv. I), Ho-chang-kong l'explique par « constamment ».

(278) B : Il ne fait pas usage des armes.

(279) Ce sens est tiré de Liu-kie-fou qui explique kiu par les mots phing-kiu.

(280) E : Le mot tso « côté gauche » se rapporte au principe actif, yang ; il est le symbole de la vie ; aussi (B), dans les événements heureux (par exemple, dans les mariages), on préfère la gauche. Le mot yeou « côté droit » se rapporte au principe inerte, in ; il est le symbole de la mort ; aussi, dans les événements malheureux (par exemple, dans les funérailles), on préfère la droite.

(281) B : Les mots thien-tan signifient le calme, le repos, le non-agir. Comme il songe constamment au calme, au non-agir, il s'abstient de livrer bataille. Celui qui croit que le meilleur plan est de ne pas livrer bataille montre qu'il fait le plus grand cas de la vie des hommes.

(282) E : Les mots pou-mei signifient littéralement : « ne pas regarder comme beau, comme louable » ; c'est-à-dire, il n'approuve pas la victoire qu'il a remportée. E : Quoique les armes aient servi à remporter la victoire, elles ont tué nécessairement beaucoup d'hommes ; c'est pourquoi, au fond de son cœur, le sage ne se réjouit pas de sa victoire (E, H). — Quelques commentateurs font rapporter le mot mei aux armes, et l'expliquent par : « il ne les estime pas (les armes) ».

(283) E : Si quelqu'un se réjouit de sa victoire, c'est qu'il est dépouillé de tout sentiment de pitié et qu'il aime à tuer les hommes.

(284) E : Si un prince aime à tuer les hommes, le ciel l'abandonne à jamais et les peuples se révoltent contre lui. Jamais un tel homme n'est parvenu à régner longtemps sur l'empire.

(285) E : En cet endroit l'auteur revient sur la pensée exprimée plus haut : en temps de paix, le sage estime la gauche ; celui qui fait la guerre estime la droite. (Voyez plus haut, note 280.)

B : Le général en second est en réalité au-dessous du général en chef ; pourquoi le place-t-on à gauche (c'est-à-dire, à la place qui répond au principe actif yang et qui est le symbole de la vie) ? Pourquoi place-t-on le général en chef à droite (c'est-à-dire à la place qui répond au principe inerte in et qui est le symbole de la mort) ? En voici la raison. L'emploi des armes est une cause de deuil. Si ce dernier remporte la victoire et qu'il ait tué un grand nombre d'hommes, on se conforme aux rites des funérailles et on le place à droite. Le général en second occupe la gauche, parce qu'il (A) n'a pas le droit de présider au carnage, ni même de tuer un ennemi de son autorité privée.

(286) A : Dans l'antiquité, quand un général avait remporté la victoire, il prenait le deuil. Il se mettait (dans le temple) à la place de celui qui préside aux rites funèbres, et, vêtu de vêtements unis, il pleurait et poussait des sanglots.