Le livre de la Voie et de la vertu - Laozi (Laotseu) 道德经-老子
Chapitre 29
将欲取天下而为之,吾见其不得已。
天下神器,不可为。
为者败之,执者失之。
夫物或行或随,或嘘或吹,或强或赢,或接或隳。
是以圣人去甚,去奢,去泰。
Si l'homme agit pour gouverner parfaitement l'empire, je vois qu'il n'y réussira pas.
L'empire est (comme) un vase divin (auquel l'homme) ne doit pas travailler.
S'il y travaille, il le détruit ; s'il veut le saisir, il le perd.
C'est pourquoi, parmi les êtres, les uns marchent (en avant) et les autres suivent ; les uns réchauffent et les autres refroidissent ; les uns sont forts et les autres faibles ; les uns se
meuvent et les autres s'arrêtent.
De là vient que le Saint supprime les excès, le luxe et la magnificence.
(260) E : Le mot thsiu (vulgo prendre) veut dire ici « porter au comble, conduire à la perfection ». Lao-tseu dit que les rois désirent porter à la perfection le gouvernement de l'empire, mais qu'ils ignorent la voie qu'il faut suivre pour y réussir. En effet, ils se livrent à l'action (le contraire du non-agir) ; c'est ne pas posséder l'art de bien gouverner l'empire.
D'après Liu-kie-fou et Sou-tseu-yeou, j'ai regardé le mot i comme une particule finale.
(261) E : Littéralement : « Imperium est res hujusmodi : est sicut divinum vas, etc. ». Voici quelle espèce de chose c'est que l'empire : c'est comme un vase divin qu'il n'est pas au pouvoir de l'homme de faire (de fabriquer). S'il travaille pour le perfectionner, il arrive au contraire à le détruire ; s'il le saisit pour le posséder, il arrive au contraire à le perdre.
(262) A : Le mot hiu veut dire « réchauffer », le mot tchouï signifie « refroidir ».
(263) E : Telle est l'opposition mutuelle et l'inégalité naturelle des êtres. Ceux qui marchent (en avant), on ne peut faire qu'ils suivent ; ceux qui réchauffent (ou apportent de la chaleur, comme l'été), on ne peut faire qu'ils refroidissent (ou apportent du froid, comme l'hiver), c'est-à-dire on ne peut changer leur nature. C'est pourquoi on réussit sans peine à gouverner les êtres en se conformant à leur nature (c'est-à-dire en pratiquant le non-agir et en les laissant suivre leur impulsion innée). Mais si l'on contrarie leur nature et si l'on agit, on se donne beaucoup de peines et de tourment, et les créatures ne font que se troubler davantage.
(264) A : C'est pourquoi le Saint renonce à la musique et à la volupté (chin), à l'éclat et à la richesse des habits, aux délices de la table (che), à la magnificence des palais, des tours, des belvédères (thaï). Après avoir réprimé ces trois choses (les excès, le luxe, la magnificence), il pratique le non-agir, et l'empire se convertit de lui-même.
Aliter Sie-hoeï. Cet interprète pense que les mots chin, che, thaï, ne signifient pas ici « le luxe, la volupté, les folles dépenses » (sens que ces mots ont reçu dans les siècles suivants), niais « une activité superflue et blâmable pour exécuter les choses les plus aisées et les plus simples qui peuvent se faire naturellement ».